Bonjour Nathalie (*). Peux tu nous présenter ton parcours professionnel ?

J’ai eu mon diplôme de kinésithérapeute à Valencia, en Espagne, où j’ai grandi. En Espagne les soins de kiné ne sont pas remboursés, et il est très difficile d’être reconnu à sa juste valeur car il existe beaucoup d’intrusisme (mot espagnol, qui décrit que, des gens avec des diplômes inférieurs, peuvent faire le même travail, et voire être mieux rémunérés. Ce sont des « intrus » dans la profession )

Comme je parle français, je suis partie en France. D’abord en intérim dans le thermalisme pendant un an. J’ai ensuite enchaîné des collaborations et des remplacements de kinés libéraux, dans le sud des Landes jusqu’à 2009. J’ai décidé de m’installer à Soustons et entamer ma formation d’ostéopathie, à Bordeaux. Je suis resté 3 ans en tant qu’assistant collaborateur pour ensuite devenir associée du cabinet, avec 3 autres kinésithérapeutes et un ostéopathe, jusqu’à aujourd’hui.

Qu’est-ce qui t’a motivée à emprunter cette voie? Quelles étaient tes ambitions ?

Je voulais du contact, physique et psychique, je voulais soigner, et rendre le sourire aux gens.

Qu’aimes-tu dans ce métier, qui te rend heureuse de l’avoir choisi?

J’aime apprendre à connaître les mystères du corps, et ceux de la douleur. C’est des sujets qui me passionnent.

J’aime l’accompagnement des gens dans leur souffrance.

J’aime aussi la gratitude des gens quand le soulagement arrive.

Quelles sont les difficultés que tu rencontres, ou as pu rencontrer, dans ton quotidien? As tu connu des désillusions?

La plus grande difficulté, c’est quand je me rend compte que beaucoup gens ne se rendent pas compte à quel point ils délaissent leur santé, et même quand ils le savent, ils ne font rien pour changer. La désillusion la plus dure à vivre, c’est celle des gens qu’on ne peut pas sauver car ils ne veulent pas être sauvés. Donc les douleurs deviennent chroniques pour eux, et nos traitements sont juste palliatifs. On a l’impression qu’on travaille pour rien. Ça revient toujours au point de départ.
Sans compter que le fait d’être non vaccinée, met directement mes diplômes au placard. Je suis maman célibataire de deux jeunes enfants, dont le plus grand en maternelle, ce qui me met dans une situation délicate.

Que penses-tu qui pourrait être fait pour y remédier ?

Je pense qu’il faudrait un psy, ou des livres obligatoires pour expliquer aux gens ce qui est important dans la vie, et ce qui ne l’est pas. Ça donne l’impression que j’ai raison et les autres ont tort, mais je ne sais pas comment m’expliquer autrement.

Quel est ton ressenti actuel concernant ton métier ?

Je crois que je suis en burn-out. J’ai trop donné. Je ne crois plus en moi, ni en rien.

Que dirais-tu à l’enfant que tu étais, si tu te trouvais face à elle?

Apprend vite à connaître tes limites et à savoir les faire respecter, par toi et par les autres. Ne te laisse pas bouffer, ne te laisse pas piétiner, tu vaux plus que tu ne le crois. C’est ta gentillesse qui te donne ta valeur, non pas tes diplômes ou l’argent. Cherche des gens qui te font sentir bien dans ta peau, éloigné toi des autres, même si c’est des gens de ta famille. La jalousie est partout, mais aussi bien la bienveillance. Apprend à faire la différence.

Écoute ton cœur. Apprend à communiquer. Écoute avec ton cœur.

Tu n’est pas toute seule. Cherche. Cherche des gens bien. Il y en a.

Quel message souhaites-tu transmettre à ceux qui te lisent ?

L’important est de vivre, et laisser vivre (hakuna matata !) Dans le respect de tous. Respectons nous, et respectons les autres. Et une fois qu’on se sent en lien avec nous, tissons des liens avec les autres. Tout seul on va plus vite, tous ensemble on va plus loin.

On a tous quelque chose à apporter. On a besoin de pleins des gens pleins d’amour et de bonne volonté. Le reste, ça s’apprend.

Un grand merci à toi Nathalie (*) d’avoir pris la parole.

(*) nom d’emprunt

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